Ghislain Taschereau, un bleu poudre qui s’y connaît en voix.

Parle-nous de ton parcours.

Après un bac en art dramatique, j’ai participé à un concours lancé par l’émission 100 LiMiTE diffusée à feu TQS en 1989. Pour participer à ce concours appelé La minute 100 LiMiTE, il fallait écrire un texte humoristique d’une minute sur un sujet d’actualité pour risquer de gagner un ordinateur portatif. J’écrivais un texte par semaine et l’envoyais à l’émission. On me lisait chaque fois et j’ai fini par gagner l’ordi. On a semblé apprécier mes textes puisqu’on m’a invité à faire un stage d’une semaine à titre de scripteur à l’émission. J’ai été engagé et j’ai fini par déborder de mon titre de scripteur pour me retrouver à l’écran. 

Qu’est-ce qui t’a amené dans le marché de la voix publicitaire ? 

À 100 LiMiTE, Pierre Brassard et moi faisions pas mal de doublages absurdes pour l’émission et nous avions l’habitude d’utiliser des extraits d’une émission américaine appelés « les arpents verts » qui racontait l’histoire d’un bourgeois new-yorkais qui décidait de faire un retour à la terre en devenant gentleman fermier. En 1990, une agence nous a engagés, pour faire des voix semblables aux personnages de cette série afin de promouvoir le marché 440 à Laval. Entre les prises, je m’amusais à jouer avec les intonations que me permettait le micro de par sa grande qualité et la richesse sonore qu’il envoyait dans mes oreilles. J’imagine qu’on a remarqué ma versatilité parce que, quelques semaines plus tard, j’ai été invité à faire la voix sur une pub d’une minute annonçant la nouvelle pizza de McDonald. 

Quand on m’a remis le texte, il ne renfermait qu’une seule phrase : McDonald présente sa nouvelle pizza. Je trouvais ça un peu court pour une pub d’une minute. Mais ladite phrase était écrite de quinze façons différentes : en gras, en italique, en gras italique, en 12 points, 14 points, etc. Il fallait donc que je la dise de quinze façons différentes. J’ai précieusement gardé le résultat final du message et c’est devenu mon démo. Et il renfermait un très grand éventail de tout ce que je pouvais faire avec ma voix.

On entend ta voix dans des documentaires à Canal D. comment cette opportunité s’est-elle présentée ?

En 2014, RDS célébrait ses 25 années d’existence. Après avoir entendu ma voix dans une pub à la radio, ils ont décidé de faire appel à mes services pour narrer les 25 émissions destinées à retracer l’histoire de RDS. Ce fut un beau contrat de lecture à première vue qui me fit comprendre que de nommer quatre sportifs de quatre origines différentes dans une même phrase ne se fait pas les doigts dans le nez. Depuis quelques années, RDS et Canal D sont toutes deux propriétés de Bell Média. Les artisans des deux stations s’échangent des talents et voici comment je me suis retrouvé à faire des présentations et, parfois, des narrations pour Canal D.

Est-ce qu’on te demande encore de faire des personnages des Bleu Poudre (Yasser Arafat par exemple) ?

Ça peut arriver, mais c’est pour rire seulement, jamais pour mettre en ondes. De toute façon, je n’accepterais pas. Ou bien, j’évaluerais sérieusement la portée et les conséquences d’une telle demande.

D’ailleurs, est-ce que Les Bleu Poudre se réunissent encore aujourd’hui  ? 

Nous nous voyons de temps à autre, quand l’occasion se présente.

Un retour est-il envisageable ? RBO ne se gênent pas, eux...

Absolument pas. Nous avons tous des carrières différentes et je n’aurais pas envie de me remettre à rire de l’actualité, car je trouve qu’elle n’a pas changé d’un iota depuis mes débuts, en 1989. Ce dont nous riions à l’époque me déprimerait profondément aujourd’hui tellement le statu quo est pathétique. Il n’y a aucune volonté politique et, hormis la légère catharsis que procurerait le fait de rire des élus, je trouverais peu de plaisir à dénoncer ce que nous dénoncions il y a trente ans.

Tu détiens une formation en théâtre à Moncton, si nos recherches sont bonnes. Aux jeunes qui aspirent à une carrière comme la tienne, que recommanderais-tu? 

Soyez originaux. Arrangez-vous pour ne ressembler à rien de ce que vous connaissez. C’est difficile, c’est du travail, mais c’est la seule façon de sortir du lot. Ne pensez pas à l’argent. Faites d’abord ce que vous aimez. C’est ce qui compte le plus. Et soyez généreux.